Ah l’été ! La douceur des draps de coton à l’heure de la sieste, les glaces léchées du bout des doigts tout fripés par l’eau de mer, le vent chaud qui fait sécher le linge sur la corde, la fraîcheur des dalles fleuries de la terrasse, la chaise de jardin les soirs de moiteur: on prend la photo?
L’été, c’est un mot-valise. Ou, plutôt, qui fait souvent sa valise. Fût-ce mentalement – et ça, ce lâcher prise, c’est vraiment les vacances, sans avion ni quai ni embouteillage…
Et d’ailleurs, pourquoi partir… lorsque rien ne nous y oblige? Déjà, partir et voyager sont deux espaces qui ne disent pas la même chose, à ceci près qu’il y a la même crainte mêlée de ravissement à l’heure de larguer les amarres qu’au moment de rentrer au port.
Le mobile cardinal au départ, c’est «le désir d’ailleurs» – en tant pis pour les nuisances induites par les transhumances de masse. Selon la philosophe Juliette Morice, dans son essai Renoncer aux voyages, ce qui fait les gens se ruer dans les catalogues voyagistes, c’est notre difficulté à être heureux là où l’on est… mais aussi là où l’on va. Bonjour le paradoxe. En fait, ce serait comme une quête inassouvie d’un paradis... que l’on sait perdu. Donc, en gros, un tel lieu n’existe pas, et c’est parce qu’il n’existe pas que le voyage renouvelle ses ailes.
Bon, postulons qu’en été, on bouge. C’est la saison des festivals, de la lumière dorée ou des montagnes bleues (c’est tout de même vrai que le paysage est un appât divin) et des expériences culturelles susceptibles de vous faire habiter le monde (waouh, rien que ça !), déjà de nous le faire voir autrement.
Alors, avec Sous une lumière dorée, ça sent l’Italie, cette Arcadie que des peintres néerlandais de XVIIe ont ramené dans leurs bagages, entre utopie et terre idyllique: la preuve par la nouvelle expo de la Villa Vauban - Musée d’art de la Ville de Luxembourg – destination bucolique ci-dessous.
Quant aux Blue Mountains, c’est dans le sud-est de l’Australie qu’elles se trouvent, là où Sandra Lieners a séjourné en résidence artistique et dont elle est revenue avec une impressionnante symphonie picturale bleue de grand format – on découvre à la galerie Indépendance de la BIL (Luxembourg) –, où cohabitent formes abstraites et fragments cousus, des cyanotypes, et où percole une conscience écologique liée à la conservation d’une espèce endémique, le pin de Wollemi, un arbre conifère qui s'enracine au fin fond des âges – évasion ci-dessous.
Sinon, à défaut d’antipodes, je vous donne rendez-vous en Gaume, là, sur le site forestier de Montauban-Buzenol, dont je vous narre régulièrement les charmes archéologico-randonneurs, là où niche le Centre d’art contemporain du Luxembourg belge (CACLB) … qui fête ses 40 ans. Un anniversaire nomade qui relie 4 lieux, dont le Musée gaumais de Virton et l’abbaye d’Orval, où Rainer Gross, pointure de l’art contemporain, sculpteur d’origine allemande (vivant à Bruxelles) met en scène dans les vestiges de l’église une installation in situ fluide, une ligne aussi aérienne que dynamique faite de lattes noires serpentines, une façon «de dessiner dans l’espace» baptisée Flux, par allusion à l’écoulement incessant du temps et au caractère éphémère de ce monde et de la vie (visuel ci-dessus, photo: © Rainer Gross) – belle occasion au demeurant de s’accorder une excursion dans les ruines médiévales, d’en apprécier la lumière et le silence (jusqu’en juin 2025).
Déjà, pour ce qui est de la découverte des œuvres des six artistes réunis sur le site du CACLB, suivez-moi en bout de post.
Tant qu’à parler de Gaume, pour fêter ensemble l’oralité, faites halte à Chiny (hameau situé à 6 kms de Florenville), là le conte devient réalité, ces 13 et 14 juillet. C’est un fabuleux vivier d’histoires intemporelles. En salles et dans les rues, en formule scène ou déambulatoire. Le festival du conte de Chiny nous invite à renouer avec l’imaginaire et la magie du récit, et sa 35e édition nous rappelle l’urgence à préserver et valoriser notre patrimoine oral en ces temps où les écrans éclipsent les formes d’expression traditionnelles.
Au programme aussi du théâtre de rue, une brocante du crépuscule ce samedi 13 de 16.00 à 23.00h, en complément du marché, et des concerts, en l’occurrence, tous gratuits, avec Los Pepes, Skarbone14, Gustave Brass Band, Tonton Georges Expérience, Flow & Aborë. Infos: www.conte.be ou tél. (pour réserv.): 32. (0)61.32.07.56.
Toujours au sud, mais plus au sud, dans le sud des cigales. Deux incontournables de l’été. Arles et ses Rencontres de la photographie, et Avignon, la plus grande vitrine du spectacle vivant au monde (78e édition).
Arles, ville à taille humaine, où les photographies requièrent un repérage paisible – du reste, prendre une photographie, c’est rendre visible les choses invisibles qui reposent… Sous la surface, thème de cette 55e édition, jusqu’au 29 septembre. Avignon, chaudron tumultueux, avec son programme IN, 35 spectacles…venus «Chercher les mots», c’est la thématique de cette 78e édition, et sa pachydermique offre OFF (1617 spectacles !) qui transforme le festivalier en marathonien… ravi mais suant – jusqu’au 21 juillet.
Le Luxembourg participe aux 2 festivals.
Avec à Arles, dans la Chapelle de la charité, la mise en espace de l’univers poétique et surréaliste de Michel Medinger, photographe extraordinaire et impénitent collecteur d’objets improbables. «Chaque objet accumulé compose un cabinet de curiosité «in progress» mais hors du temps» (dixit Cyrille Putman) – et l’expo, intitulée L’ordre des choses, de reconstituer ce cabinet de curiosité de façon monumentale, en dialogue avec l’autel baroque de la chapelle, et de façon à rendre palpable la dimension quasi mystique, en tout cas émotionnelle de chaque objet.
«Maître de son nouveau monde», l’artiste «nous donne à partager son théâtre d’images mentales» – et dans le lieu, ces images,une cinquantaine, dont certaines inédites, sont sublimées à coups de caissons lumineux (visuel ci-dessus, photo ©Armand Quetsch). L’expo produite par Lët’z Arles en collaboration avec le Centre national de l’audiovisuel (CNA), avec la contribution de l’artiste et de ses proches, est accessible (jusqu’au 29/09) tous les jours de 10.00 à 18.30h. Infos: www.letzarles.lu
A Avignon, on repère GO ! (35 min.), ce spectacle de Jennifer Gohier primé par le Kanner-a Jugendtheaterpräis 2023, accueilli au Théâtre du Train Bleu (chaque jour à 19.00h), est un jeu entre deux garçons qui se rencontrent, se cherchent et se défient à travers une chorégraphie martiale (en reprise au Kinneksbond Mamer en février 2025). On repère aussi Corps au bout du monde de Marion Rothhaar, ancienne gymnaste d'Allemagne de l'Ouest, aujourd'hui membre du collectif pluridisciplinaire luxembourgeois Maskénada, qui pose la question du succès à tout prix – à voir à La Manufacture à 16.45h (relâche les 16 et 17 juillet).
Et on ne résiste pas à la nouvelle création d’Isabelle Bonillo, Pourquoi faire du théâtre en camionnette (ou, plus exactement, en camion-chapiteau), un spectacle ludique, interactif, bourré de jolies trouvailles scéniques qui, partant de l’expérience de la comédienne, héritage familial y compris, renoue avec une utopie: le nomadisme romantique du théâtre – ça se passe à l’Espace Saint-Martial, tous les jours à 18.55h (relâche le dimanche).
Allez, on prend l’autoroute du soleil à l’envers, jusqu’à Luxembourg. Pour une vision… de terre rêvée.
Tout le monde descend à la Villa Vauban, pour un bain de lumière dorée. Ça chante l’Italie, et c’est le cas. Très précisément, il s’agit de cette Italie qui, au XVIIe siècle, a attiré de nombreux artistes néerlandais, se fondant dans le paysage de Rome et de la Campagna environnante, pour y vivre (parfois des années durant) et y peindre, en plein air, et au retour dans leurs septentrionales contrées, faire florès avec des oeuvres perfusées par une apparente douceur de vivre et un climat plus clément.
Et somme toute, il en va aujourd’hui, époque éprouvée par de multiples crises et guerres, comme au XVIIe, siècle de conflits incessants (dont guerre de Trente ans). Et somme toute, prendre la route, aujourd’hui comme au XVIIe, répond à une même aspiration: trouver un lieu où la nature et le soleil aident à se ressourcer, voire à (se) rassurer – c’est illusoire mais salutaire, surtout aussi irraisonné qu’irrépressible.
Et donc, ils furent nombreux les peintres des Pays-Bas – on en compte 283 sur les 2.201 nés entre 1575 et 1675 – , à prendre la mer ou à franchir les Alpes, pour tout à la fois fuir, se dépayser, accéder à ce mythe ancien d’un paradis terrestre qu’est l’Arcadie, et aussi parfaire leur apprentissage auprès des maître italiens.
Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’arpenter cette expo, c’est s’immerger dans l’harmonie, c’est slalomer dans la quiétude de scènes pastorales ou de vie populaire et de cela qui fut la marque de fabrique desdits peintres néerlandais italianisants, à savoir: le paysage (arbres, végétation, collines, avec décors architecturaux et ruines antiques incluses).
Un paysage naturaliste ou idéalisé, dès lors que peint de mémoire, au gré des souvenirs, une fois l’artiste rentré au pays. Avec succès immédiat. Au point d’inspirer des peintres qui, sans avoir jamais été en Italie, ont adopté le nouveau style, comme Nicolas Berchem (1620-1683), Jan Wijnants (1631/32-1684) ou Adriaen van de Velde (1636-1672). Un phénomène italianisant parfaitement contagieux – hormis un furtif bémol, d’aucuns estimant que l’art néerlandais devait se dédier aux ciels nuageux, moulins et villes à pignons. Un phénomène contagieux, donc, mais une notoriété que la postérité a pourtant négligée. Il faut ainsi attendre les années 60 pour que la peinture paysagiste néerlandaise de style italianisant connaisse un regain d’intérêt.
Et c’est à ce regain que l’expo participe et nous convie. Et c’est tant mieux. Avec des artistes trop longtemps restés méconnus, mis aujourd’hui en lumière… grâce à collection privée luxembourgeoise – le propriétaire, anonyme, décédé prématurément, amateur éclairé, a étudié l’histoire de l’art une fois à la retraite. En clair, les 50 tableaux exposés n’ont jamais été montrés au public.
Et offrent la rare opportunité de notamment nous renseigner sur l’organisation en communautés de ces artistes hollandais un temps romains. Il y avait les «Bamboccianti – Pieter van Laer (1599-1642) est considéré comme le fondateur de ce cercle – et les «Bentvueghels» (bande d’oiseaux colorés), les plus connus, les plus nombreux (plus de 400 adhérents au cours son siècle d’existence), dont Jan Asselijn (1610-1652): visuel ci-dessus, Paysage fluvial (cavaliers devant la Torre Lazzaroni), avec deux châteaux réels représentés, certes, mais combinés de manière fictive, dans un paysage imaginaire, ou en tout cas pas conforme à la réalité topographique, il s’agit donc d’un capriccio.
Si la peinture néerlandaise du XVIIe siècle constitue une part importante des collections de la Villa Vauban - Musée d’art de la Ville de Luxembourg, l’expo Sous une lumière dorée a ceci de singulier, et d’attachant, qu’elle revisite le Siècle d’Or hollandais sous un angle inattendu, c’est un éclairage sur une Italie mythique… qui fait écho à notre société actuelle en quête de paix et de sécurité.
Bon plan pour ne pas bronzer idiot… jusqu’au 13 octobre, infos: www.villavauban.lu
14.785 kms plus loin, c’est l’Australie de Sandra Lieners, que l’expérience de la brume bleue flottant au-dessus des canyons et des forêts de la région, une réalité visuelle inattendue, a profondément marquée. Sa pratique artistique en atteste. Un virage au bleu cobalt qu’elle déploie actuellement dans le vaste espace de la galerie Indépendance (BIL), qui sied à ses grands formats dédiés aux paysages. Immersion.
Chaque tableau est une mosaïque de différentes techniques –- peinture, collage, couture – et d’histoires aussi topographiques qu’intimes formant ensemble ce qui tient à la fois du journal de bord et du portrait «environnemental».
Vu de loin, dans la grille des clins d’œil à l’histoire de l’art, référence possible ou probable il y a à Frank Stella, à ses explorations formelles et ses peintures-objets, ses reliefs, ses découpes, aussi aux recherches sur les matériaux et au geste créatif de Supports/Surfaces, voire au Cézanne de la Montagne Sainte-Victoire avec une lumière qui est cause d’abstractions, voire même à un surréalisme à la Magritte.
De près, Sandra dit de chaque tableau que c’est une réalité abstraite. Concrètement, elle peint toute la surface, puis, incisant la toile – «j’assume la radicalité du geste» –, elle enlève de la matière pour y greffer littéralement des fragments. Des morceaux de tissus. De deux ordres: il y a ce qu’elle appelle «les témoins» – ces exercices de palettes issus d’un travail préparatoire – et il y a les cyanotypes, la grande révélation de l’aventure australienne. En tout cas, autant de fragments d’origines et de formes diverses qu’elle coud à la machine, sur la toile – la couture, composante récurrente de son approche artistique, serait un héritage grand-maternel. Enfin, elle agence, assemble les couches, recompose le déconstruit, et c’est un travail physique, requérant des manipulations, un yo-yo entre sol et position verticale, donc, un changement de perspective. Et une physicalité qui fait écho à la sportivité de l’artiste.
Une bougeotte pour le coup contrariée avec le cyanotype, un procédé photographique… sans photographie, une technique qui utilise la lumière du soleil pour produire une impression de couleur bleu-cyan. Sandra est tombée sous le charme au cours de sa résidence, mettant à l’épreuve sa patience, parce que, oui, pour tenir à bout de doigts un «objet» déposé dans la solution photosensible appliquée sur le support (papier ou tissu) le temps que la lumière oeuvre, ce qui est de mise, c’est l’immobilisme.
Toujours est-il qu’entre le cyanotype et l’écosystème australien, la noce est chromatique.
Et Sandra d’insérer des cyanotypes dans ses grands formats peints, et, parallèlement, d’aussi en multiplier les possibilités en une infinie série de petits et moyens formats, partant de tout ce qui l’entoure, à commencer par le fameux pin de Wollemi, dont la conservation pose question. Et ledit pin d’ainsi prendre la pose, selon différents profils, comme une trace, une empreinte, un semis, un plumetis.
Mais il a fallu quitter l’Australie. Pas la magie. Et donc, postulant que le cyanotype, c’est de la lumière qui peint, est-ce transposable au Luxembourg? Pas vraiment. Parce que nos ciels sont trop bas, l’ensoleillement trop mesquin, du coup, l’impression se fait lente et le nuancier d’osciller entre le blanc et le bleu nuit, le bleu cobalt n’existe pas au Luxembourg, dit-elle. Démonstration en une série de duos d’oeuvres sur papier, où, pour chacun, partant d’un même «motif» (objet, fleur, rocher, écorce), on peut lire/distinguer la météo de l’ailleurs et de l’ici, avec la sociologie qu’elle induit, l’écologie aussi.
Dans un triptyque bluffant, trois abstractions monochromes, la première, australienne, est aussi céleste qu’une lazurite, la seconde, mitigée, résulte d’un travail de nuit, à la lampe UV, soleil artificiel, quant à la troisième, laiteuse, elle est née dans l’atelier de l’artiste, espace certes éclairé à la lumière naturelle mais clos. CQFD, la lumière impacte le vivant, elle est l’essence même qui donne vie, et la peinture qui l’enfante est un acteur fondamental de la perception du monde.
De quoi aussi avoir envie d’ouvrir les fenêtres. Et Sandra d’alors arpenter les Red Rocks, nos familières Terres Rouges… dans l’optique d’adapter ses expérimentations et enseignements australiens. Mêmes découpes et insertions de fragments, mais une composition finale plutôt ocrée, qui évoque des souillures de murs, des déchirures d’affiches, avec inscription de signes typographiques.
Dans son expo, faisant cohabiter Blue Mountains et Red Rocks (visuel ci-dessus), deux réalités qui sont aussi deux imaginaires, Sandra Lieners confronte nature et culture, paysage et urbanité.
Infos: Galerie Indépendance – BIL, 69 rte d’Esch, Luxembourg, jusqu’au 4 octobre, tljrs de 09.00 à 17.00h.
Vol à rebours, nous voilà au sud… du Luxembourg belge. Le temps de vous causer des 40 ans du Centre d’art contemporain du Luxembourg belge (CACLB), qui a vu le jour en 1984, d’abord sous un statut nomade, ce, jusqu’en 1994, année de son ancrage sur le site de la Grange du Faing à Jamoigne, pour finalement, depuis 2007, s’implanter sur le site de Montauban-Buzenol. Et là, pas d’architecture flamboyante, rien d’ostentatoire, mais une superposition de containers maritimes vitrés, une structure immergée dans les feuillus, baptisée Espace René Greisch et inaugurée en 2014 – il y a 10 ans –, avec ses trois niveaux d’exposition reliés par un escalier extérieur en colimaçon, le tout s’élevant dans le sous-bois face aux halles à charbon.
A proximité desdites halles, vous croisez la monumentale sculpture d’Ida W-M, faite de segments de bois récupérés/empilés, une furieuse performance, un curieux habitat en forme d’ogive ou de creuset, voire de ruche d’abeille.
Sinon, dans l’Espace Greisch, tout un premier étage dévolu aux fabuleux travaux d’Amélie Scotta, qui s’intéresse à la construction/déconstruction et mutation des architectures urbaines, aux bâches et autres échafaudages, un monde de lignes que par ses inouïs dessins au crayon ou graphite et à leurs transferts sur papier carbone ou à tracer, elle restitue comme s’il s’agissait d’un organisme vivant. Avec une minutie d’autopsie. Et de parler ainsi en creux de l’humain, celui qui, tout à la fois habite et édifie (visuel ci-dessus).
Au dernier étage, au travers de l’espace blanc, une sorte de long boudin aussi fragile que de la craie évoque le carottage, l’échantillon permettant l’interprétation des couches géologiques, enjeu des recherches de Stéphanie Roland sur les phénomènes qui dépassent l’expérience humaine. Résultat ? Un récit stratifié, où la réalité et la fiction se télescopent, habitées tant par des fossiles que des étoiles.
Le CACLB, c’est aussi un petit bâtiment adjacent appelé Bureau des forges – vestige intact témoignant de la présence d’un important complexe industriel sur le site – avec l’étage mansardé arborant une magnifique charpente en bois. Endroit idéal pour développer l’imaginaire enfantin du grenier, cet endroit obscur du corps des demeures où Daniel Daniel a le talent de faire danser une fantasmagorie bricolée à coups de petites machines et silhouettes articulées à l’aide d’un moteur de boule à facettes: les ombres et les halos lumineux racontent alors une histoire de vieux jouets abandonnés... habités de spectres.
Au rez-de-chaussée du «Bureau», autre invitation fantôme avec Bruno Vande Graaf qui décline une série de lieux en déshérence, autant de portraits petits formats de maisons vides, des peintures silencieuses qui disent l’absence de vie et le désenchantement.
Enfin, il y a un site haut, où patiente un musée lapidaire conçu en 1950 par Constantin Brodzki et qui abrite des pierres provenant de sépultures gallo-romaines, réutilisées pour l’édification de remparts retrouvés sur le site de Montauban. C’est là que Pierre Courtois installe ses arcs flexibles en acier trempé, de l’aérien graphique en contrepied de la proche enceinte fortifiée.
A Montauban, au CACLB, l’individu et le monde, l’humain parfois par défaut, la nature et des échelles de temps, jusqu’au 20 octobre – en juillet et août, entrée libre du mardi au dimanche de 14.00 à 18.00h; en septembre et octobre, les samedis et dimanches de 14.00 à 18.00h. Infos: www.caclb.be
Et tout n’est pas dit. Pour ses 40 ans, le CALB arpente les lieux, prend corps et racine. A Orval, avec Rainer Gross, oui, mais aussi à Virton, au Musée gaumais, galerie du Récollet, avec l’expo de Nathalie Maufroy, ainsi que dans l’Espace Marguerite Brouhon, avec les expos d’Arthur Delhaye et d’Emilie Magnan. Enfin, à Herbeumont, chapelle Saint-Roch, avec l’expo de Stéphanie Jacques. Un été à crapahuter dans des sentiers pas battus, dans la beauté d'un monde terrible.
Comments