Le Mardi gras, certains détestent, d’autres lustrent le folklore, les derniers n’en ont cure. Toujours est-il que depuis la Rome antique, c’est le jour qui clôt en apothéose «la semaine de sept jours gras», autrement dit, c’était la dernière occasion de faire bombance … avant une traversée du désert (cette période dite maigre, ou carême, qui, selon l’institution chrétienne, court tout de même sur 40 jours et prépare les fêtes pascales). En tout cas, c’est aussi un jour devenu synonyme de carnaval, qui rime avec défoulement collectif, transgression des interdits par le déguisement.
En clair, on se masque, on s’arrose de confettis, on s’égosille et on se gave.
Donc, on fait le plein. C’est typique d’une société angoissée par le manque. Pourtant, ce serait dudit manque que naissant les désirs, la création, les rencontres – démonstration philosophique faite par Mazarine M. Pingeot dans son opus Vivre sans.
En même temps, typique aussi d’une société aujourd’hui téléguidée par la mode des coachs, des influenceurs, hormis l’omnipotence de directives écolo-sanitaires, couronnée par un tour de passe-passe marketing, le «sans» a acquis une valeur ajoutée: les pâtes sans gluten, les confiseries sans sucre ajouté, les cocktails sans alcool (et j’en passe), que nous sommes invités à… payer sans contact.
Somme toute, autant de «sans» qui incitent … au plein, «à la consommation… sans mauvaise conscience».
Alors, histoire de vous renvoyer la balle, je vous propose… un plein des sens.
14 expos. Dont 6 au seul Mudam, convoquant 18 artistes (hormis les performeurs/euses) pour nourrir le volet 2 de sa vaste lame de fond intitulée A Model – je vous explique plus tard, mais notez notamment la réhabilitation de la fontaine d’encre noire de Su-Mei Tse, les 12.000 rangées de fleurs (pensées jaunes) de Nina Beier & Bob Kil, dont les pots identiques quadrillent toute la surface du sol de la galerie Est du niveau +1, ainsi que l’oeuvre textile (visuel ci-dessus) de Dardan Zhegrova, artiste d’origine kosovar, activiste en matière de droits LGBTQIA+, qui installe de géantes poupées de chiffon à travers le musée, nous invitant à poser la tête sur leur poitrine afin de les entendre chuchoter et partager ainsi une expérience intime, en une sorte de relecture de la citation de Saint-Exupéry, «On ne voit bien qu'avec le cœur. L'essentiel est invisible pour les yeux» (dixit Le Petit Prince), nous rappelant qu'il faut savoir aller au-delà des apparences.
Donc, 14 expos, dis-je, se bousculent royalement au portillon… en 7 lieux, partant de Luxembourg – dont au «Casino», le temps de voyager dans le monde parallèle de Mary-Audrey Ramirez, au Nationalmusée um Fëschmaart, qui, par le portrait, décoche un regard neuf sur Joseph Kutter, peintre patrimonial dont on croit tout connaître (une petite expo, mais d’angle atypique et à hauteur d’homme, où je m’attarderai tout prochainement), et au Cercle Cité qui dédie son espace du Ratskeller au célèbre cinéaste chinois Wang Bing dont c’est la première expo au Luxembourg, ce, en lien avec la 14e édition du Luxembourg City Film Festival qui, du 29/02 au 10/03, mettra précisément en lumière le travail documentaire monumental – un film peut durer 4 heures – de cet observateur endurant, quasi journalistique, et souvent solitaire, chronologue de la Chine contemporaine, de son histoire officieuse et cachée.
Qui, intensément, et de différentes façons, nous parle de sujets sensibles, la mémoire (ou sa perte), la mort, la famille dans un rapport intime, et douloureux, pétri par des souvenirs personnels liés au régime de terreur – humiliations, prison, torture – durant la révolution culturelle de Mao Zedong, et par des rencontres. «Le personnel devient politique, l’individu devient sociétal».
Dans l’expo, intitulée Wang Bing: Memories, «juste» une sélection de 4 films (sur écran mono) – représentant tout de même 7 heures de visionnage, «c’est long mais ça reste accessible» selon la commissaire Anastasia Chaguidouline – et une scénographie très minimale afin de privilégier le face-à-face entre l’œuvre et le spectateur.
Indubitablement, une expo bouleversante, à l’image de l’artiste, dont le moteur créatif est/reste l’incertitude.
Tout commence en noir et blanc, avec Traces, l’un de ses premiers films en 2005. Tout en lenteur, en découpes aussi picturales qu’émotionnelles de plans larges (visuel ci-dessus), «on sent la présence du réalisateur, on entend le vent»: ça se passe dans le désert de Gobi, caméra 35 mm à la main, Wang Bing marche à travers les champs, théâtre du camp de rééducation de Jiabiangou, tristement célèbre pour ses milliers de déportés morts de faim, où capturer «des couvertures, des os, des traces de vie/mort, vestiges d’un passé abandonné».
Dans Mrs Fang, Wang Bing filme les derniers jours d’une ancienne ouvrière agricole et mère d’un ami, atteinte d’Alzheimer. Quant à Man in Black (2023), c’est une rencontre en tête-à- tête avec Xilin, compositeur dénudé, qui déambule dans le théâtre sombre (les Bouffes du Nord à Paris), montrant «toute la vulnérabilité d’un corps âgé et les cicatrices laissées par les années de persécution». Enfin, dans Fengming, il s’agit de «l’histoire déchirante d’une dame âgée, dans la République populaire de Chine», confessée dans un monologue de plus de 3 heures – elle fut jeune journaliste communiste, elle parle du silence, de ses pensées suicidaires, de l’amour et des lettres de son mari, disparu dans le camp de Jiabiangou.
Aujourd’hui, sans être officiellement censurés lors du tournage, les films de Wang Bing restent interdits en Chine.
Immersion initiatique dans une oeuvre puissante, poignante, d’une beauté terrible, qui nous confronte sans tabou au dépouillement et à la perte. Un essentiel qui s’expérimente dans l’Espace Ratskeller, au Cercle Cité, rue du curé, Luxembourg, jusqu’au 16 avril – entrée libre tljrs de 11.00 à 19.00h. Visite guidée gratuite tous les samedis à 15.00h, en français, anglais, Luxembourgeois ou allemand, c’est selon, infos: cerclecite.lu
En mars, la Cinémathèque se fend parallèlement d’un focus sur l’oeuvre de Wang Bing.
Je reprends, 14 expos, re dis-je, de Luxembourg à Dudelange –- avec Pit Riewer au Centre d’art Nei Liicht et Julien Hübsch au Centre d’art Dominique Lang –, en passant par Esch/Alzette, en l’occurrence au Schlassgoart, pavillon du centenaire/ArcelorMittal, où l’expo No Place Like Home, réunit deux lauréats du Prix Werner 2022, le photographe Miikka Heinonen et l’artiste peintre Chantal Maquet «en dialogue sur la notion de foyer, de chez soi et d’attachement aux racines».
Chantal, avec sa palette de couleurs irréelles, purgée d’un fonds photographique personnel, son répertoire singulier hybridant le passé et le présent, l’intemporel et le transitoire, l’architectural et l’humain, l’individu et la communauté (ses exclusions, clichés et comportements), le rural et l’urbain, Chantal Maquet y réactive Visages d’un paysage, une tentative de saisir l’esprit d’une région, en l’occurrence de Clervaux (objet de sa résidence artistique de 2023), en dressant le portait de ses habitants et de leur environnement – indubitablement, l’accrochage sur le mur cintré du lieu conforte l’étrangeté et la poésie à cette inédite fresque figurative et abstraite…, à laquelle l’artiste joint notamment la troublante série Nuets virun der Dier («La nuit devant la porte»), explorée en résidence à Bourglinster en 2017, où, en 12 tableaux (formats 76/80 x 100cm), la maison, à l’image d’un personnage inquiétant, surgit/veille dans une atmosphère mystérieuse, très lynchienne.
Et finalement, en passant aussi par Schifflange.
A Schifflange, au Schëfflenger Konschthaus (2, avenue de la Libération), du bois – ceps, chêne, cerisier –, taillé, ciselé, tronçonné, toujours récupéré, auquel Marie-Josée Kerschen donne formes et traits. Rien de monumental dans cette exposition de 34 créations qui balisent Un demi-siècle de sculpture – si depuis 1982, la sculptrice Kerschen explore différents matériaux, dont le bronze, toujours elle revient au bois, un médium de prédilection et avant tout, un mode de communication, et surtout, un langage.
La démarche est figurative, le répertoire parfaitement identifiable, habité par un florilège de reines ou princesses, de gardiennes, de sentinelles, au crâne plat, comme coiffées d’une couronne imaginaire ou déchue, autant de transpositions de ces caractères réels ou fantasmés qui lient la condition féminine – du reste, à chaque figure, ou plutôt, à chaque créature, une expression chaque fois différente née d’une délicate observation des traits.
Marie-Josée parle d’elle, et parle de nous. Et dans l’expo, tout commence par une compilation de photos en noir & blanc où l’artiste se raconte en une vingtaine de poses et mimiques trahissant/traduisant son goût de la performance et du spectacle, son humour aussi, ses angoisses tout autant, tout comme sa détermination. Elle nous regarde, les yeux sont vifs… et l’expo devient autre chose qu’une expo.
En face des photos, nous accueille la toute dernière création de Marie-Josée, un bois de bouleau, une petite bouille ronde enveloppée comme une chrysalide dans un fragment d’écorce, qui se prétend Bien dans sa peau (visuel ci-dessus). Suivent les métamorphoses des pieds de vigne, les bois flottants, les insertions de mosaïque (en hommage à Carlo Signorini), et toute la gamme des récents lauriers. Une tranche de vie, intime et ligneuse, qui engage le sensible et l’empathie. Jusqu’au 24 février, du mercredi au dimanche de 14.00 à 18.00h.
Dans le même lieu, à venir, en mars, raccord avec la Journée internationale des droits des femmes: Berthe Lutgen, du 09/03 au 13/04 – expo ponctuée par un «poetry slam» le 16/03, à 18.30h. Infos: schefflengerkonschthaus.lu, tél.: 621.638.393.
Sinon, on retrouve Marie-Josée Kerschen dans son bastion, à Vianden. En notant au passage que la dynamique Veiner Galerie (au 6, impasse Léon Roger) programme Dan Gaasch & Pit Nicolas du 25/02 au 17/03, Danielle & Martine Grosbusch du 24/03 au 14/04, puis, entre autres, Marc Wagner en septembre.
++++
En clair, de Luxembourg à Schifflange, circulez tout est à voir (ô que oui !), faut juste prendre son temps, laisser infuser… le désir et la rencontre.
Alors, tablez sur une visite en 3 temps. En numérique – avec l’univers créatif de Mary-Audrey Ramirez (d’ailleurs, je commence par là) -–, en peinture – avec Pit Riewer –, puis en version «art urbain» avec Julien Hübsch coulant ses pas dans ceux de… Zloty (Gérard Zlotykamien), «le premier à avoir utilisé la peinture en spray sur les murs, dès 1963».
C’est désormais addictif: s’inventer un monde autre, pas forcément plus beau ni meilleur mais où, du bout des pouces, le gamer devient maître du jeu, assis mais transporté, visuellement et mentalement, dans un environnement défouloir, parfois affreux et/ou belliqueux, en tout cas aux antipodes d’un réel désenchanté.
Voilà, nous sommes au Casino Luxembourg, en compagnie de Mary-Audrey Ramirez (née en 1990, vivant/travaillant à Berlin, lauréate de l’Edward Steichen Award Luxembourg en 2019), qui questionne «les contrastes entre imaginaire et réalité et l’omniprésence intrusive du numérique dans notre quotidien». Une réflexion qui accouche d’une pratique empruntant au jeu vidéo et à l’IA. Résultat? L’éclosion de créatures plutôt zoomorphes qui évoluent dans un milieu à la fois aérien et neigeux, et pour le coup, singulièrement onirique. Point de combat, ou pour le moins avorté dans l’œuf. Donc, point de dystopie, ou pas vraiment, sauvée par «une forte charge émotive».
Pour arriver à cette projection, cette vidéo finale sur grand écran, l’artiste progresse en des espaces labyrinthiques, expérimentant différentes techniques, textures et matériaux susceptibles de faire chavirer notre perception, nous immergeant, nous amenant à être pleinement captif d’un univers aussi poreux que multiple, où le réel et irréel sont correspondants.
D’abord, c’est la salle bleue. Dans ce bain céleste, des sculptures en résine, autant de créatures rampantes… qui prendront vie dans le jeu vidéo mais qui, ici, dans leur bleu sommeil transitoire, sont gelées, transposées (par impression 3D) dans une matière physique.
Ensuite, des couloirs roses… composant une sorte de pouponnière. Avec une galerie d’énièmes étranges spécimens organiques, les supposés embryons des prototypes de résine, alignés aux cimaises par famille. A chaque fois, il s’agit d’une image générée par l’IA, imprimée sur satin – en écho somme toute à ces normes préconçues socialement que sont les clichés traditionnels de nouveau-nés posant nus sur un coussin soyeux.
Et puis, c’est la salle blanche. Dans une lumière aussi spectrale que glaciaire, trois géantes larves en vinyle, cousues main et en dormition, occupent une piste circulaire (visuel ci-dessus, photo: Lynn Theisen).
Enfin, c’est l’immersif dispositif vidéo, la transcription par le numérique d’un potentiel autre monde, flottant dans un paysage bleuté/laiteux, entre cosmos et neige. Tout commence par une sorte de méduse intersidérale, une comète dont les cheveux de lumière ont donc le magique pouvoir d’insuffler du mouvement et de la mémoire aux créatures de résine et textiles du parcours physique.
Le titre (rébarbatif, énigmatique) de l’expo, Forced Amnesia – qui monopolise tout le premier étage du «Casino» – évoquerait «la répression délibérée d’expériences traumatisantes». En tout cas, si le danger, l’amitié, la mort percolent dans cette histoire virtuelle, la poésie qui y suinte a la force d’une résilience. Et le rêve est aussi un mécanisme de pensée salutaire. En même temps, vivre ses rêves ou rêver sa vie?, c’est toute la question.
Parallèlement au rez-de-chaussée, il y a Images at Work, la mise en espace de la thèse de Laura Lux, explorant comment le médium cinématographique s’est imposé dans la représentation du travail, ce, depuis les frères Lumière (et de Charlie Chaplin). Démonstration en une sélection de documentaires expérimentaux et de films d’artistes «qui captent la mécanique, les routines manuelles et les expériences du travail sur les anciens et nouveaux sites de production». Il y a le mouvement visible des individus et «le mouvement absent et invisible des marchandises, du capital et des idées dans l’industrie». Et c’est captivant.
Ca se passe donc au Casino Luxembourg, 41 rue Notre-Dame, jusqu’au 28 avril – infos: www.casino-luxembourg.lu
Terminus Dudelange. Avec deux artistes primés en 2023: Pit Riewer, prix Révélation au Salon du CAL, et Julien Hübsch, prix Grand-Duc Adolphe.
Au Centre d’art Nei Liicht, les formes fusionnent et les contours se brouillent, ce qui donne No Form, No Shape, la très belle expo du jeune Pit Riewer (né en 1999 à Luxembourg), qui fait gicler la peinture comme une écriture, comme un slam, un mode d’empouvoirement, cela qui permet à chacun, à l’artiste lui-même, de reprendre le pouvoir sur son histoire.
Ce qui sort du tube, c’est de la lumière qui fait couleur(s), et c’est d’abord une émotion, à ce point intense que les heures, les visages et les objets se dissolvent dans le ressenti.
Au point de départ, il y a des photos (via téléphone portable), leur compression sur PC, puis cet irrépressible besoin, partant d’un floutage, de la disparition de l’identifiable, de reconstruire une image, celle-là qui, par analogie au travail de sape poétique de la nuit, échappe à la représentation. Et pour Pit, seule la peinture est cette valeur ajoutée capable de combler un manque. De faire exister un au-delà, autre chose (visuel ci-dessus, photo ©Mile Zenari).
Traduction sur la toile par l’abstraction, par cette façon de déplacer vivement le pinceau, le mouvement et son énergie infusant dans le geste, sa répétition. Chaque tableau est une fulgurance, un vrai faux instantané dopé par une véritable urgence.
A travers un autoportrait, des paysages en plongée, les corps syncopés du dancefloor, à coups de déformations/ déstructurations et de distorsions chromatiques – soufflant le chaud et le froid –-, ce ne sont pas tant des atmosphères que des impressions de scènes ou moments révolus/perdus. La dynamique rime avec tension, l’informe excite la vibration et… la mélancolie n’est jamais loin. L’amour non plus.
Pit Riewer, tout l’art de sortir le regard du cadre, jusqu’au 7 avril – du mercredi au dimanche de 15.00 à 19.00h.
Julien Hübsch (né à Esch/Alzette en 1995) est un artiste très prolifique, arpenteur de l’espace public, collectionneur de traces (dont graffitis) et de rebuts pour le coup détournés de leur trivialité par l’alchimie artistique qui les transmute en objets sculpturaux muraux – je vous en parle régulièrement, dont récemment à propos de l’expo Forever After à la galerie Reuter-Bausch, avec la sublimation de fragments de bâches en une série de bandes monochromes, de camaïeux assemblés comme des tableaux.
Cette fois, pour/au Centre d’art Dominique Lang, l’artiste propose une vaste installation intitulée walls/origins/replacements, fruit de ses mois d’exploration en résidence à la Cité internationale des arts à Paris – et il est clair que l’architecture particulière du lieu se prête idéalement à la monstration de cette exploration.
Qui prend corps dans une rencontre – avec Gérard Zlotykamien, dit Zloty, ce pionnier de l’art urbain en France qui, pour rappel, est le premier à avoir utilisé la peinture en spray sur les murs dès 1963 – et dans les rues de Paris, parcourues par l’artiste Hübsch s’appliquant à repérer les endroits – une quarantaine d’adresses – où Zloty était intervenu, interventions forcément éphémères, altérées ou disparues sous l’effet du temps ou d’autres actions.
Et Julien de photographier ces murs qui, 60 ans plus tard, gardent à peine la mémoire des graffitis originels, puis Julien de retravailler numériquement ces images tamisées de grains noirs et de les imprimer sur des feuilles jaunes – comme pour dire le passé qui tout jaunit –, feuilles ensuite assemblées en une sorte de papier peint dont il recouvre les murs du Centre d’art (visuel ci-dessus, photo: ©Mike Zenari).
Julien a consigné quotidiennement ses faits et gestes, ses questionnements, tout comme ses itinéraires, et ces notes sont présentes dans l’expo, tenues au secret dans leurs cahiers d’origine, ou exposées sur les murs, ventilées comme des fiches de documentation devenues des pages graphiques, à la recherche de la figuralité de l’écriture. Sur ces pages, des blancs, autant de coups de gomme sur des éléments privés (visuel ci-dessus, photo: ©Mike Zenari).
Mais le blanc, c’est le fantôme, ce qui n’est plus, et c’est aussi le nouveau chapitre qui reste à écrire. Et c’est ce blanc qui habille les morceaux de béton et de carrelage récupérés par Julien lors de ses pérégrinations et qu’il recompose. Entre ce corps minimal, sa forme radicale, et le mur de papier, fragile mais porteur de récit, cohabitation il y a, de temps, de dimensions.
Un corpus de matériaux qui dit à la fois l’effacement et l’évolution constante du paysage urbain, c’est ce qui cheville la création de Julien Hübsch, pas simple d’accès, certes, mais saisissante, fût-ce esthétiquement. Jusqu’au 7 avril.
Comments